Affaire Lemerle : des traces de sang révélées au Bluestar

Au premier jour du procès de Vanessa Lemerle pour la séquestration violente de son frère

Le quotidien : 26.10.2021

Au premier jour du procès de Vanessa Lemerle pour la séquestration violente de son frère le 10 avril 2018 à Saint-Gilles, la directrice d’enquête est longuement revenue sur les circonstances de la découverte des faits.

« Il était stoïque à l’arrivée des gendarmes. Mais une fois sorti de l’hôpital, il semblait terrorisé, réalisant qu’il aurait pu mourir. » Invitée à déposer à l’occasion de la première journée du procès de Vanessa Lemerle et de son compagnon (notre édition d’hier), la gendarme chargée de diriger l’enquête raconte les premiers contacts avec Nicolas Lemerle ce 10 avril 2018, alors que le Saint-Gillois indique avoir victime d’une violente séquestration à son domicile.

Sur place, « les constatations collent bien avec ses déclarations », comme le relève la présidente Virginie BellouardLes militaires découvrent d’abord « les deux chiens groggy et avachis. » À l’entrée de la villa, des restes de nourriture pour animaux. Et dans la poubelle, un tube de somnifère laissant penser que les chiens ont été drogués. Dans le jardin, près d’un arbre, « une corde, un tuyau d’arrosage et un flexible de douche » que la victime a décrit comme ayant servi à l’attacher.

Et dans la maison, « des traces de sang absolument partout, ça m’avait marqué » raconte l’enquêtrice de la brigade des recherches de Saint-Paul. Sur l’oreiller du lit, dans le salon, sur des draps du bureau. « Et surtout dans la salle de bains, avec de larges projections sur les murs. » Tout colle avec le récit de Nicolas, tiré de son lit vers 00h30 cette nuit-là par un mystérieux agresseur en survêtement noir, roué de coups avec ce qu’il prend d’abord pour « une matraque », puis l’avant-bras lacéré à l’aide d’un couteau.

La gendarme raconte également ses découvertes au domicile de Vanessa Lemerle à la Saline-les-Bains, puisque c’est bien sa propre sœur que Nicolas soupçonne d’être l’instigatrice de son agression. Il faut dire que, durant les trois à quatre heures que dure sa séquestration, l’homme en noir a fait plusieurs fois référence à Vanessa et à un conflit au sujet de l’héritage de leur père, feu le président de la chambre des notaires Paul Lemerle.

« Perplexe quant à sa bonne foi »

« Dans le jardin, non loin de la voiture au capot encore chaud, on va découvrir deux petits tas de cendres fumantes. » Dans l’un d’eux, un reste de chaussette grise correspondant à une autre chaussette trouvée dans la Peugeot 208 de Vanessa Lemerle, et que Nicolas a décrit comme ayant servi de gants à son agresseur lorsqu’il l’a menacé avec une tronçonneuse. Une machine d’une marque particulière, habituellement rangée dans l’abri de jardin de chez Vanessa Lemerle et que les gendarmes trouvent non loin de la voiture. Il y a aussi ce paquet vide de Chesterfield, la marque des mégots retrouvés devant le portail de la maison de Nicolas Lemerle.

Et puis, sous le lit de Vanessa, il y a cette lampe torche gros modèle de marque Maglite, qui ressemble à ce que la victime avait dans un premier temps pris pour une matraque et qui a servi à la frapper. Passée au révélateur Blue-star, la lampe s’avère être porteuse de traces de sang ayant été nettoyées…

La gendarme se remémore l’attitude Vanessa Lemerle, qui dit n’avoir rien constaté d’anormal cette nuit-là, et qu’elle vit seule. Alors que les militaires ont aperçu un homme tirer brusquement le rideau d’une des chambres. « Sa version ne collait pas à nos constatations, et j’étais perplexe quant à sa bonne foi, aussi ai-je décidé de la placer en garde à vue » raconte l’enquêtrice.

Au fil des auditions, elle va découvrir la haine viscérale que semblent se vouer le frère et la sœur

Au fil des auditions, elle va découvrir la haine viscérale que semblent se vouer le frère et la sœur, et pas seulement depuis le décès de leur père ou pour une question d’héritage. C’est la sœur aînée, Emmanuelle, qui le confirme depuis son domicile à Londres. « Le conflit a toujours existé entre eux, même lorsqu’ils étaient enfants. Et pour Emmanuelle, il n’y a pas de problème de succession, leur père les a tous mis à l’abri » relate la gendarme.

Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que leur relation dérape dans les violences. « En 2010, lors d’un anniversaire il y a eu une dispute qui a donné lieu à une plainte de Vanessa Lemerle », se remémore la directrice d’enquête. Cette fois-là, c’est Nicolas qui aurait frappé Vanessa… à l’aide d’une grosse Maglite.

La rancune, au point d’engager un homme de main pour aller terroriser son frère, voire « lui couper un doigt ou un membre », façon « films de gangsters » comme le dira M’Barki ? « On ne peut s’empêcher de penser qu’il y a un lien avec l’utilisation de cette lampe », fait remarquer la présidente.

Brièvement interrogée hier, Vanessa Lemerle continue de se dire étrangère à toute forme de complicité dans les faits reprochés. Reprise des débats ce matin, avec l’audition des témoins.

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