Police scientifique, les chasseurs d’indices

Tarbes: Police scientifique, les chasseurs d’indices

La nouvelle république des Pyrénées : November 4, 2021

La police technique et scientifique de Tarbes nous a ouvert les portes de son service, le temps d’une journée. Rencontre avec ces techniciens dont le métier nourrit tous les fantasmes.

« Ils ont fracturé la porte et tout mis sens dessus dessous. » Un retraité tarbais, victime d’un cambriolage, dresse le triste état des lieux au technicien de police scientifique dépêché sur place.

« Vous n’avez rien touché ? » s’enquiert Nicolas Levan, ganté et appareil photo en main. Le policier veut tout savoir. « À quelle heure êtes-vous parti ? Cette porte est-elle toujours fermée ? » Et lorsqu’il repère de la boue encore fraîche au sol, il demande à voir le jardinet à l’arrière. « Ils sont sûrement passés par là. »

Car avant de sortir écouvillons et poudre révélatrice, encore faut-il comprendre le cheminement des auteurs pour repérer les surfaces sur lesquelles ils auraient, par chance, déposé empreintes digitales et traces génétiques. Mais cette fois, chou blanc. Boîtes à bijoux et coffret en bois jetés négligemment sur le lit ne permettent pas au technicien de relever la moindre trace de doigt.

Fichés à la trace

« Le cuir et le bois sont des supports sur lesquels la poudre n’accroche pas . » Dernier espoir, prier pour que les cambrioleurs aient « essaimé » un peu de leurs ADN sur les poignets de la commode. « Une fois le prélèvement effectué, nous fermons le scellé et l’envoyons pour analyse. Si traces biologiques il y a , elles seront comparées dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). » L’un des deux outils quotidiennement alimenté par les forces de l’ordre avec le Faed, fichier automatisé des empreintes digitales.

Scannés sur place, les scellés prennent ensuite la direction du laboratoire de la police scientifique de Toulouse, l’un des cinq accrédités pour effectuer les révélations en France (avec Lille, Paris, Marseille et Lyon) , depuis la centralisation opérationnelle des plateaux techniques en 2018.

Science et délits quotidiens

« Il y a plusieurs niveaux dans la police scientifique. La police judiciaire, qui traite les grosses affaires criminelles, et les services scientifiques de sécurité publique départementale. »

À Tarbes, Nicolas Levan travaille avec trois agents sous sa responsabilité. Toutes des femmes. « Nous faisons essentiellement du délictuel. » Signalisations des gardés à vue (prises d’empreintes papillaires et génétiques), vols à la roulotte (dans les voitures), cambriolages… représentent 90 % de leur activité. Mais parfois, les membres du service sont appelés pour des faits bien plus dramatiques.

Bluestar du crime

« Le cuir et le bois sont des supports sur lesquels la poudre n’accroche pas . » Dernier espoir, prier pour que les cambrioleurs aient « essaimé » un peu de leurs ADN sur les poignets de la commode. « Une fois le prélèvement effectué, nous fermons le scellé et l’envoyons pour analyse. Si traces biologiques il y a , elles seront comparées dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). » L’un des deux outils quotidiennement alimenté par les forces de l’ordre avec le Faed, fichier automatisé des empreintes digitales.

« Quand une affaire n’est pas résolue après plusieurs mois, c’est souvent qu’il y a eu des failles lors des premières constatations scientifiques. » Lorsqu’il passe le Bluestar dans la salle de bains de Florence, les murs se maculent de sang nettoyé. « C’est un produit très puissant. Les spécialistes en morphoanalyses ont pris le relais pour interpréter les traces. » Des expertises qui ont été confrontées aux dires de l’auteur présumé, et fragilisé sa version des faits. S’il confie qu’être exposé à une telle violence peut-être difficile psychologiquement, Nicolas Levan- exprime le sentiment du devoir accompli. « Sur ce dossier, j’ai pu participer à la manifestation de la vérité, au profit de la victime. »

Mythe Américain

Loin de l’image véhiculée par les séries policières américaines, la police technique et scientifique de proximité est essentielle dans le traitement des affaires du quotidien . « J’aimais bien les Experts Las Vegas. Mais le système judiciaire américain et le nôtre ne fonctionnent pas de la même façon. » Et de briser un mythe : « Il n’y a qu’à la télé qu’on retrouve systématiquement un ADN à partir d’un seul cheveu. »

Comment devenir policier scientifique?

Ingénieur, technicien principal ou agent de police technique et scientifique, plusieurs possibilités s’offrent à vous pour exercer ce métier d’expert. Pour devenir technicien principal , il faut être titulaire d’un Bac +2, de préférence scientifique ou science et technologies de laboratoire (STL). Classe préparatoire aux grandes écoles de chimie, licence universitaire en physique chimie, Bts bio analyses et contrôles sont les études post Bac à privilégier, pour préparer le concours du ministère de l’Intérieur.

« Pour ma part, j’avais tenté le concours une première fois », explique Nicolas Levan. « Le niveau était très élevé. » Après une carrière de préparateur en pharmacie, il a pu devenir technicien grâce à un système d’équivalences. Un technicien principal peut ensuite devenir ingénieur en police technique et scientifique à l’issue de 4 ans d’expérience dans le service public, et l’obtention d’un concours en interne.

Inscrivez vous à notre newsletter :

Pays

Année